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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/162

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l’obscurité, et si peu faite à présent pour ce que vous dites, que quand il pleuvroit des mitres, pas une n’y pourroit tenir. » — Le dernier soupir d’Yorick, en disant ces mots, étoit suspendu sur ses lèvres… Eugène le regarde… Un feu léger, foible lueur de ses saillies, brille dans ses yeux. Eugène voyoit que le chagrin tuoit son ami. — Il lui serre la main, et sort ensuite doucement de la chambre, baigné de larmes… Yorick le suit des yeux jusqu’à la porte. — Alors il les ferme et ne les ouvre plus. —

Il repose dans un coin du cimetière de son église, sous une pierre de marbre qu’Eugène fit poser sur son sépulcre, avec cette inscription :

Hélas ! pauvre Yorick !

Ses mânes ont la consolation d’entendre lire dix fois par jour cette épitaphe élégiaque avec une telle variété de tons plaintifs, qu’on est obligé d’avouer que s’il n’a pas été universellement aimé pendant sa vie, il est plaint après sa mort. — Il y a un petit sentier qui traverse le cimetière auprès de sa tombe, et personne ne passe sans y jeter un regard et un soupir, en lisant :