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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/168

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D’éloges à débiter,

De pasquinades à publier ?

Le courier est exempt de tout cela : mais un malheureux historien est encore obligé, à chaque pas qu’il fait, d’examiner des archives, des registres, des actes publics, des chartes, des généalogies sans fin ; et l’équité exige de lui qu’il lise tout. — Les peines qu’il est obligé de prendre sont prodigieuses. — J’en peux juger par celles que j’ai déjà essuyées. — J’ai déjà passé six semaines à ma tâche. Je me suis hâté le plus que j’ai pu ; et tout ce que vous savez de mon histoire, est le temps où je suis né. Vous ignorez encore comment cela est arrivé ; — c’est, si je ne me trompe, vous annoncer que mon ouvrage n’est pas près de sa fin.

Ces obstacles inattendus que je ne prévoyois pas quand j’ai commencé, et qui, au lieu de diminuer, vont peut-être se multiplier à chaque pas que je ferai, m’ont fait venir une idée. — C’est de n’aller que tout doucement dans la carrière que je me suis prescrite, et de ne donner que deux volumes de ma vie tous les ans. — Encore y mets-je pour condition, qu’il faudra que je fasse un bon marché avec mon libraire ; et quel est l’écrivain qui ne sache pas que c’est presque là la chose impossible ?