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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/167

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falloit. — Je suis heureusement tombé d’abord sur ce que je voulois savoir, et j’ai dû m’en féliciter. À quelles peines ne s’expose point en effet un homme qui se met à écrire l’histoire ? Ne fût-Ce que celle du petit Poucet, il ne sait jamais les obstacles et les embarras qu’il pourra rencontrer, ni les détours qu’il sera obligé de prendre, ni les digressions qu’il sera forcé de faire. — Un historien ne va pas droit en avant, comme un courier qui marche sans détourner sa tête ni à droite ni à gauche, et qui vous diroit à une heure près, en partant de Rome, combien il emploieroit de temps pour aller à Lorette. — La chose ici n’est pas praticable. — Un historien a cinquante écarts à faire sur sa route, tantôt avec une faction, tantôt avec une autre ; il n’en est pas si-tôt débarrassé, que des vues, des perspectives politiques se présentent à ses yeux et l’arrêtent : il faut nécessairement qu’il les examine. D’ailleurs combien n’a-t-il pas

De relations à concilier,

D’anecdotes à recueillir,

D’inscriptions à déchiffrer,

De particularités à remarquer,

De traditions à éplucher,

De personnages à caractériser,