Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/18

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empêcher cette substitution singulière. Mais ils n’avoient ni l’un ni l’autre assez d’intrigue ; leurs soins n’eurent aucun succès, et leur adversaire réussit. Sterne, piqué, chercha les moyens de se venger, il ne trouva que celui de faire une satyre contre le simoniaque. Elle opéra si vivement sur l’esprit de cet homme, qu’il fit prier Sterne de la supprimer. Cela n’étoit pas possible, déjà elle étoit répandue ; mais la crainte qu’elle ne fût suivie de quelqu’autre, fit le même effet. Le bénéficier résigna son bénéfice à l’ami de Sterne, et cette aventure lui fit avoir à lui-même, sans la demander, une des meilleures prébendes de la cathédrale d’Yorck. Cet ouvrage étoit intitulé : Histoire d’un bon gros manteau avec un tapabor de l’espèce la plus chaude, dont l’heureux possesseur ne seroit pas content, s’il n’en pouvoit couper assez pour faire une juppe à sa femme, et une culotte à son fils.

Le vicariat de Sterne ne l’occupoit guère que le dimanche matin. Il y faisoit l’office divin avec la plus grande exactitude, et le soir, il alloit prêcher dans la paroisse de Stillington. Son canonicat lui donna d’autres soins, qu’il remplit pendant long-temps avec l’attention la plus scrupuleuse.

Étant un jour dans un café d’Yorck avec d’autres ecclésiastiques, un étranger d’un certain âge y déclama vivement contre la religion, et contre le clergé. Ce ne sont que des hypocrites : qu’en pensez-vous, dit-il, en s’adressant à Sterne ? Celui-ci, sans faire semblant de lui répondre directement, prit