Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/209

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le pas lent d’un accroissement dû au hasard, nos connoissances physiques, polémiques, chimiques, mathématiques, géométriques, énigmatiques, techniques, biographiques, obstétriques, et cinquante autres branches qui finissent toutes en iques, tendent, depuis plus de deux siècles, vers le plus haut degré de leur perfection. — Les progrès surtout qu’elles ont faits depuis quelque temps, nous annoncent que nous ne sommes pas loin d’atteindre au but.

Et qu’arrivera-t-il quand on y sera parvenu ? Il faut espérer que ce terme mettra fin à toutes sortes d’écrits. — Le manque de toutes espèces d’écrits mettra fin a tous genres de lecture. — La guerre amène la pauvreté, et la pauvreté ramène la paix. — Il en sera de même du défaut de lecture : il abolira toute espèce de connoissances : on reverra les temps d’ignorance, et il faudra recommencer. — Nous nous retrouverons dans le même temps où nous étions avant qu’il y eût des livres. Heureuse ! trois fois heureuse époque ! Eh ! que ne suis-je assez heureux moi-même pour que mon père ou ma mère n’aient pas trouvé plus commode de différer l’ère de mon existence, et de changer peut-être un peu la manière dont ils l’ont opérée ! Vingt-cinq ou trente