ci. L’excellence de la morale et le style n’y laissèrent en effet rien à désirer. Mais on le blâma sévèrement de les avoir donnés sous un nom ridicule. « Je fais imprimer ces sermons, disoit-il dans sa préface, comme s’ils étoient d’Yorick. J’espère que le lecteur grave ne trouvera rien en cela qui puisse l’offenser, et je continuerai de publier les autres sous le même titre. » Yorick étoit le nom d’un bouffon que Shakespeare avoit introduit dans sa tragédie de Hamlet.
Les volumes de son Tristram Shandy furent imprimés successivement. On ne les trouva point inférieurs aux premiers. Son conte burlesque du grand nez parut aussi plaisant, que l’histoire de Lefèvre étoit pathétique et touchante.
Son voyage sentimental ne démentit point sa réputation. Il fut traduit dans toutes les langues presque aussi-tôt qu’il parut.
Sterne, entraîné dans la république des lettres, laissa le soin de ses bénéfices, et leur principal revenu à des ecclésiastiques qui les desservoient : il en étoit bien récompensé. Ses ouvrages lui valoient beaucoup ; mais il n’avoit aucune économie. Ses voyages étoient très-couteux, surtout quand il passoit le détroit de Calais.
Beaucoup de personnes à Paris l’ont connu. Il étoit un soir chez un horloger de ses amis ; il ne lui vit pas la même gaieté qu’à l’ordinaire. C’étoit le vingt-neuf du mois. Il ne faut pas, lui dit-il, mon ami, que l’idée des embarras du trente, nous empêche ce soir