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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/20

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lecteurs qui étoient arrêtés par des digressions dont ils ne pouvoient pénétrer le sens ; d’autres qui s’imaginoient que ce n’étoit qu’une perpétuelle allégorie, qui masquoit des gens qu’on n’avoit pas voulu faire paroître à découvert. Mais tous convenoient que Sterne étoit l’écrivain le plus ingénieux, le plus agréable de son temps, que ses caractères étoient singuliers et frappans, ses descriptions pittoresques, ses réflexions fines, son naturel facile.

Cet ouvrage lui attira la plus grande considération. Il fut recherché des grands, des savans, des gens de goût, et singulièrement de tous ceux qui sont enclins à jeter du ridicule sur tout ce qui se passe dans le monde : c’étoit une espèce de gloire d’avoir passé une soirée avec l’auteur de Tristram Shandy : mais il éprouva le sort de toutes les personnes qui obtiennent de la célébrité par leurs talens. Lui et ses ouvrages furent déchirés dans mille brochures, dont on ne connoît pas même actuellement le titre. S’il eut une foule d’ennemis obscurs, il eut des défenseurs distingués qui le vengèrent. Un des plus grands seigneurs de l’Angleterre prit hautement son parti contre quelques ecclésiastiques ; et pour lui marquer tout-à-la-fois, disoit-il, et son estime pour lui, et le peu de cas qu’il faisoit d’eux, il lui donna un bénéfice considérable dans la paroisse de Cawood.

Sterne ne tarda point à publier les sermons qu’il avoit faits dans son vicariat. Il en avoit glissé un dans son Tristram Shandy, qui fit d’abord prendre la meilleure opinion de ceux-