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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/215

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pour éclaircir son hypothèse, appuyoit sur cette histoire devant quelques personnes, et cela arrivoit souvent, cette rouille infortunée d’une des plus belles branches de la famille, choquoit si fort la pudeur et la modestie de mon oncle Tobie, et le mortifioit à un point qu’il n’y pouvoit résister. — Il tiroit mon père à l’écart pour lui reprocher l’indécence de son babil. — Il lui offroit tout ce qu’il pourroit lui demander, pourvu qu’il n’en ouvrît pas la bouche.

Jamais frère n’avoit peut-être eu plus de tendresse pour son frère, que mon père pour mon oncle Tobie. — Il se seroit prêté à tout ce qu’il auroit pu désirer pour le contenter ; mais l’affaire dont il s’agissoit étoit toute autre chose. Il n’y avoit pas moyen d’en faire le sacrifice.

Mon père étoit un philosophe spéculatif et systématique, et cette petite brèche de ma tante Dinach étoit aussi essentielle pour lui, que la rétrogradation des planètes l’avoit été à Copernic. Les rétrogradations de Vénus dans son orbite fortifièrent le système de cet astronome, et les rétrogradations de ma tante Dinach appuyoient le système de mon père. Quelle apparence qu’il pût ainsi les abandonner !..... Un système ne fait-il pas plus