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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/218

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et surtout quand on lui tenoit des discours qui lui paroissoient absurdes. —

Cette espèce particulière d’argumens a échappé, si je ne me trompe, à tous nos logiciens, et à tous leurs commentateurs. — Ils ne l’ont nommée nulle part. — J’ai deux raisons, moi, pour lui donner un nom. — Il faut éviter, autant qu’on peut, toute confusion dans les disputes, et pour cela d’abord j’estime que l’argument de mon oncle mérite d’être aussi distingué de tout autre argument que celui ad verecundiam, ab absurdo, à fortiori. Et puis je veux que les enfans de mes enfans, quand je reposerai tranquillement dans le tombeau, puissent dire que la tête de leur aïeul s’étoit occupée autrefois de choses aussi utiles que celles de beaucoup d’autres gens ; qu’elle avoit imaginé un nom, et qu’elle l’avoit déposé dans le trésor de l’art logique, comme un argument si fort, qu’on ne pouvoit y répondre. — Je veux même qu’ils puissent ajouter que c’est le meilleur des argumens, lorsque le but de la dispute est plutôt d’imposer silence que de convaincre.

J’ordonne donc par ces présentes, à toute la société pédantesque qui professe la logique, de distinguer l’argument de mon oncle par le titre d’Argumentum fistulatorium, et non