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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/220

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avec lui-même ? — C’est précisément ma situation. —

Je viens de faire une assez longue digression que le hasard a amenée ; et c’est à lui aussi que je dois toutes celles où je suis déjà tombé, à l’exception d’une seule. Ne seroit-il pas horrible que l’on ne fît pas attention à ce chef-d’œuvre d’habileté digressive ? Le lecteur cependant ne s’en sera peut-être pas aperçu. J’en serois assurément fâché. Je ne l’accuserois pourtant point, à cet égard, d’un défaut de pénétration. — C’est plutôt que cette perfection est si rare dans une digression, que l’on ne s’y attend pas. — Mais qu’est-ce donc ? Le voici. Mes digressions sont sûrement aussi frappantes qu’elles puissent l’être. Je m’enfuis de mon sujet aussi souvent et aussi loin que celui de tous les écrivains qui fait le plus d’écarts. — Mais j’ai soin, en même temps, que ma principale affaire ne soit pas arrêtée pendant mon absence, et c’est ce que ces messieurs ne font sans doute pas ordinairement.

J’allois, par exemple, vous esquisser légèrement les traits extérieurs du caractère bizarre de mon oncle, M. Tobie Shandy. — J’avais même déjà commencé, et voilà tout-à-coup que ma tante Dinach et son cocher