Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/221

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viennent faire errer nos fantaisies dans des millions de milles jusqu’au milieu du système planétaire. — Mais malgré cette escapade, vous avez cependant dû, monsieur, vous apercevoir que l’ébauche de mon oncle Tobie avançoit en même temps peu-à-peu. — Ce n’étoit point encore les grands contours de son portrait ; la chose n’étoit pas possible, — mais c’étoit un simple croquis, un premier crayon, et mon oncle Tobie, par cette touche, quelque légère qu’elle soit, vous est mieux connu à présent qu’il ne l’étoit auparavant.

C’est par cet art que la disposition de mon ouvrage est d’une espèce particulière. — J’y concilie à-la-fois deux mouvemens contraires, et qui paroissent inconciliables. — Il est en même temps digressif et progressif.

Et ne vous y trompez pas, je vous prie. Cela est bien différent des deux mouvemens de la terre, dont l’un se fait sur son propre axe dans sa révolution journalière, et l’autre dans son orbite elliptique, et qui, par ses progrès, forme l’année, et constitue la variété des saisons dont nous jouissons. — Ils m’ont seulement suggéré cette idée. — C’est souvent à des choses qui paroissent fort éloignées de notre sujet, que l’on doit ses pensées les plus brillantes. — L’ouverture la plus fri-