Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a de l’érudition. Mes comparaisons, mes allusions, mes commentaires, mes métaphores… tout cela sent l’érudition. Ne faut-il pas que je soutienne mon caractère, et que je le contraste d’une manière convenable ? Que deviendrois-je, mon Dieu ? Je serois, monsieur, un homme perdu, si je me démentois. Au moment où je tâcherois de prévenir le babil indiscret d’un critique, deux autres se prépareroient à me tomber sur le dos. — Et Voilà pourquoi je réponds ainsi.

— Dites moi, je vous prie, monsieur, si dans le nombre des livres, dont la lecture vous a occupé, vous avez lu l’essai de Lock sur l’entendement de l’esprit humain ? — Ne me répondez pas, de grace, avec trop de précipitation. — Je connois un foule de gens qui citent ce livre, sans l’avoir jamais lu. — J’en connois une foule d’autres qui l’ont lu sans l’entendre. — Il se pourroit, sans miracle, que vous fussiez même dans le dernier cas........ Je n’écris, comme vous savez, que pour instruire. Eh bien ! je vous dirai, en trois mots, ce que c’est que ce livre… C’est une histoire..... Une histoire ? Oui, monsieur. Mais de qui ? de quoi ? de quand ?… Doucement ! quelle pétulance ! C’est l’histoire de ce qui se passe dans l’esprit humain. —