Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/250

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vos symptômes deviendront plus effrayans pour ceux qui vous aiment… Vous verrez cesser la transpiration insensible qui vous seroit si salutaire ; vos esprits s’évaporeront, votre force virile s’épuisera, l’humide radical qui donne de la souplesse à vos muscles se desséchera ; vous altérerez votre santé, et vous attirerez vingt ans plutôt sur vous toutes les infirmités de la vieillesse. Ô mon oncle ! mon cher oncle… mon cher oncle Tobie !…



CHAPITRE XXXI.

Le feu prend.


Un homme qui entend seulement un peu l’art d’écrire, doit voir qu’après l’apostrophe animée que je viens de faire à mon oncle Tobie, il ne m’étoit plus possible de continuer ma narration. Ce que j’aurois dit eût paru froid, insipide. — Aussi ai-je mis fin, sur-le-champ, à mon chapitre. Je n’étois pourtant qu’au milieu de mon histoire ! Mais on n’y perdra rien.

Les écrivains de ma trempe ont un privilége qui leur est commun avec les peintres. Lorsqu’une copie trop exacte d’un portrait pourrait rendre le tableau moins frappant,