Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/249

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de la route que le boulet ne tenoit pas, qu’il se mit dans l’esprit de savoir la route qu’il tenoit. Alors, nouveaux auteurs, nouvelle lecture, nouvelle application. L’ancien Maltus tomba d’abord dans les mains de mon oncle Tobie ; vint ensuite Galilée, puis Toricelli. Là, par certaines règles géométriques et démonstratives, mon oncle Tobie trouva que le boulet décrivoit une ligne parabolique. Il trouva que le paramètre, ou le côté droit de la section conique de cette ligne étoit à la quantité, en raison directe, comme toute la ligne au double de l’angle d’incidence, formé par la culasse sur un plan horizontal, et que le semi-paramètre… Arrêtez ! mon cher oncle Tobie, arrêtez ! n’avancez pas un pas de plus dans ce sentier épineux ! il est hérissé de difficultés ; c’est un labyrinthe d’où l’on ne peut sortir qu’avec mille peines. Dans quels embarras inextricables ne vous jeteroit pas la vaine poursuite de ce fantôme qui vous paroît si charmant, et que vous appelez la science ? Ô mon oncle ! fuyez, fuyez-le comme un serpent dangereux. Est-il donc si nécessaire qu’avec votre blessure dans l’aine, vous passiez des nuits entières ? que vous vous échauffiez le sang ? que vous vous rendiez étique ? Hélas ! vous ne ferez qu’empirer ;