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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/256

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terre Blondel, et le comte de Pagan sur Blondel.

Un homme impotent, tel qu’étoit mon oncle, ne pouvoit pas remédier à tant d’accidens de lui-même. Il sonna son domestique Trim. — Vois ce désordre, Trim, lui dit mon oncle. — Il faut nécessairement, Trim, que j’aie une table plus grande. Ne pourrois-tu pas prendre ma règle, et mesurer la longueur et la largeur de celle-ci, et m’en faire faire une autre deux fois plus longue et deux fois plus large ? Oui, monsieur, répliqua Trim, et cela sera même bientôt fait. Mais j’espère, ajouta-t-il, que monsieur se portera bientôt assez bien pour aller à sa maison de campagne… Monsieur se plaît tant aux fortifications, qu’il pourroit s’y amuser à merveille ! Trim avoit été caporal dans la compagnie de mon oncle. Ce n’étoit pas son vrai nom ; il s’appeloit James Buttler ; mais on lui avoit donné ce sobriquet au régiment, et mon oncle Tobie ne l’appeloit jamais autrement, à moins qu’il ne fût fâché contre lui.

Un coup de feu qu’il reçut au genou gauche, à la bataille de Lauden, deux ans avant l’affaire de Namur, l’avoit mis hors d’état de servir. Il étoit adroit, et on l’aimoit dans le régiment. Mon oncle Tobie le prit pour