Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/255

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son domestique Trim de faire des paquets de linge et de charpie, de louer un carosse à quatre chevaux, et de le faire trouver à la porte à midi précis. C’étoit l’heure où il savoit que mon père seroit à la bourse. Ainsi, point d’obstacles à essuyer. Trim ne se fit pas répéter l’ordre. De son côté, mon oncle Tobie laissa un billet de banque sur la table pour payer le chirurgien. Il écrivit à mon père une lettre de tendres remercîmens ; et cela fait, mon oncle Tobie, soutenu, d’un côté, par sa béquille, et soulevé de l’autre par Trim, monta en carosse avec ses cartes, ses livres de fortifications, ses règles, ses compas, et partit pour son domaine de Shandy.

Un départ aussi précipité avoit une raison : la voici.

La table qui étoit dans la chambre de mon oncle Tobie, étoit un peu petite pour le grand nombre de cartes, de livres et d’instrumens dont elle étoit chargée. En étendant la main pour prendre sa tabatière, il fait glisser son grand compas. Il veut se baisser pour ramasser le compas, et son étui de mathématique tombe avec les mouchettes. Autre malheur ! Il veut attraper les mouchettes pendant qu’elles tombent, et il ne réussit qu’à pousser par