Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est assez, Trim, n’en dis pas davantage ! Le plaisir et l’amusement de monsieur… Mais ce n’est encore rien que cela ; il respireroit un bon air ; ce seroit un exercice agréable qui contribueroit à sa santé ; sa blessure ne tiendroit pas un mois…

Je goûte ton projet ; Trim ; c’en est assez dit mon oncle, en fouillant dans sa poche.

En ce cas, si monsieur le veut, j’irois, dès ce moment, acheter une bêche de pionnier, que nous emporterions avec nous… Je prendrais aussi une pelle, une pioche, une paire de… En voilà assez, Trim, dit mon oncle, tout extasié, et en levant une jambe. Il lui mit aussitôt une guinée dans la main… Trim, lui dit-il, va mon enfant, n’en dis pas davantage ; va, mon garçon, va, descends sur-le-champ, et apporte-moi mon souper tout de suite.

Trim descend rapidement et remonte presque aussitôt avec le souper de son maître. Mais ce fut en vain. Le plan, les opérations, le zèle de Trim avoient frappé si fortement l’esprit de mon oncle Tobie, qu’il ne put ni boire ni manger. Trim, dit mon oncle Tobie, mets-moi au lit. Hélas ! ce fut la même chose. L’imagination de mon oncle Tobie étoit si échauffée, qu’il ne put dormir. Plus il pensoit