Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/266

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Slop. — Fais-lui nos complimens. Dis-lui que ta maîtresse est dans les douleurs, et que je le prie de venir avec toi. Vole ; il n’y a point de temps à perdre.

C’est une chose bien extraordinaire, il le faut avouer, dit mon père à mon oncle Tobie, dès qu’Obadiah eut fermé la porte, que ma femme se soit obstinée à confier la vie de mon enfant à une sage-femme ignorante, tandis que nous avons ici près un opérateur aussi célèbre que le docteur Slop. La vie de mon enfant ! C’est bien plus que cela. La sienne même y est exposée, ainsi que celle de tous les enfans que nous aurions encore pu avoir par la suite. — Pour moi, cela me démonte ; je n’y conçois rien.

Mais peut-être, dit mon oncle Tobie, que ma sœur a agi ainsi par économie. — Bon ! bon ! dit mon père. Ne faut-il pas que l’oisiveté du docteur Slop soit payée comme s’il faisoit l’ouvrage ? Il n’en aura pas l’honneur, et peut-être faudra-t-il le payer davantage pour le dédommager de cette perte.

C’est donc par modestie, reprit mon oncle Tobie, dans toute la simplicité de son ame : ma sœur ne veut apparemment pas qu’un homme l’approche de si près…

Un mouvement fit en ce moment casser