Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/27

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In sterquilinio margaritam reperit.

J’y ridiculise quelques foiblesses : la charité et la bienveillance y sont toujours inspirées et recommandées : quelquefois, il est vrai, je cours les champs et les grands chemins, sans d’autre projet que celui de jouir du bienfait de l’air et de la liberté ; mais un objet de pitié se présente-t-il à moi, je l’offre aussitôt à la pitié publique.

C’est ainsi que je vaguois dans l’insouciance, aussi innocemment qu’un enfant qui joue en cheminant, et que je ne revenois à moi, que lorsque l’humanité, posant sa main sur mon sein, m’arrêtoit tout-à-coup, et me tiroit à part : j’étois alors dans mon fort. Nous exprimons bien ce que nous sentons vivement ; et, dans un pareil sujet, l’écrivain a une double énergie : il soulage son cœur, en plaidant pour les autres.

Je continuai cette rodomontade tout le long de mon ouvrage ; le papier s’entassoit sous ma main, quand je fis réflexion qu’il n’y avoit que sept merveilles au monde. En attendant, la nouveauté vieillissoit, et la bisarrerie perdoit de sa singularité : je m’en aperçus ; mais le moyen d’arrêter la vélocité d’une plume qui a pris son vol.

Je déterminai seulement de faire cesser les