Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/288

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bastions ; je les aime beaucoup, ils me plaisent, et si vous voulez faire un tour de promenade, je pourrai vous en faire voir un très-beau. Le docteur Slop avoit encore besoin de la chaleur du feu pour se sécher, et mon oncle Tobie, qui ne perdoit pas un moment, avoua que quand on les couronnoit, ils en étoient beaucoup plus forts : mais alors, dit-il, ils coûtent prodigieusement, et prennent beaucoup de terrain. À mon avis, ils sont plus utiles pour couvrir ou pour défendre la tête d’un camp, que pour toute autre chose ; autrement la double tenaille…

Par la mère qui nous a portés ! s’écria mon père, qui ne pouvoit plus se contenir, vous feriez périr un saint d’ennui. Nous replongerez-vous donc toujours dans cette eau si souvent battue ? Vous avez la tête si remplie de vos diables d’ouvrages, que quoique ma femme soit en mal d’enfant, et que vous l’entendiez d’ici jeter les hauts cris, vous voulez emmener le chirurgien… L’accoucheur, s’il vous plaît, dit le docteur Slop. — À la bonne heure, dit mon père. Il m’est indifférent de vous donner le titre que vous voudrez ; mais je voudrois que l’art des fortifications fût au diable, lui et ses inventeurs. Il a causé la mort à des milliers d’hommes,