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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/289

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et il sera cause de la mienne à la fin. On me donneroit Namur avec ses remparts, ses mines, ses contre-mines, ses chemins couverts, ses contr’escarpes, ses palissades, ses ravelins, ses demi-lunes, ses bastions, que je n’en voudrois point, s’il falloit me charger la mémoire de tant de choses.

Mon oncle Tobie souffroit les injures avec patience. — Ce n’étoit cependant pas faute de courage. — J’ai déjà dit qu’il en avoit, et j’ajoute ici que dans les occasions raisonnables, s’il y en a de telles quand il est question de se battre, il n’y avoit point d’homme en qui j’eusse eu plus de confiance. — Sa patience ne venoit ni d’insensibilité, ni de pesanteur dans son intellect. — Il sentoit vivement ici l’insulte que lui faisoit mon père. — Mais il étoit d’un caractère doux, paisible, tranquille ; les élémens dont il étoit formé étoient ensemble d’un accord parfait. C’étoit un mélange amical que la nature avoit exactement bien proportionné. Jamais la vengeance n’entra dans son esprit.

Un jour, pendant qu’il étoit à dîner, un gros cousin sembloit prendre plaisir à l’importuner par ses bourdonnemens. — Il cherchoit à l’attraper ; mais il le manqua plusieurs fois. — À la fin il l’attrape. — Il se lève aussi-