Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/293

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Tobie ! s’écria-t-il, cher frère ! Je te demande mille pardons. Pardonne-moi, je te prie, ces accès d’humeur ! Ils ne viennent pas de moi, je les tiens de ma mère.

Ce n’est rien, mon cher frère, dit mon oncle Tobie, n’en parlons pas, ce n’est rien : tu peux m’en dire dix fois plus, je ne m’en fâcherai point.

J’aurois cette indignité, moi, mon cher Tobie ? Il y a de la bassesse à offenser la moindre personne, et j’offenserois un frère qui est si bon, si doux !… qui a si peu de ressentiment ? Fi ! cela est lâche. Ne te contrains point, mon cher frère, dit mon oncle Tobie ; dis-moi tout ce que tu voudras. —

Et qu’ai-je à trouver à redire, s’écria mon père, à tes amusemens et à tes plaisirs ? Le seul reproche, et c’est à moi que je devrois le faire, seroit de ne pas les varier, et les augmenter.

Frère Shandy, répondit mon oncle Tobie, en le fixant agréablement, tu te trompes beaucoup à cet égard. C’est augmenter mes plaisirs, que de donner à ton âge de nouveaux soutiens à la famille Shandy.

Parbleu ! dit le docteur Slop, monsieur Shandy se fait par-là du plaisir à lui-même.

Point du tout, dit mon père d’un air renfrogné.