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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/292

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ne se développèrent jamais mieux que dans cette contestation qui survint entr’eux, au sujet de Stévinus.

Il n’est pas, mon cher lecteur, que vous n’ayez a parte quelque manie particulière, que vous ne montiez de temps-en-temps sur quelque califourchon qui vous fasse courir bien loin. Vous savez par conséquent, tout aussi bien que moi, le déplaisir que l’on ressent quand on touche désagréablement cette corde. — Jugez de l’impression que durent faire les imprécations de mon père sur l’esprit de mon oncle Tobie ! Il les sentit jusqu’au vif.

Mais qu’est-ce qu’il fit ? Comment se comporta-t il ? — Ah ! monsieur, de la manière la plus généreuse et la plus noble. Mon père n’eut pas sitôt mis fin à sa fougueuse insulte, que mon oncle Tobie se détourna du docteur Slop, à qui il adressoit en ce moment la parole, et, sans la moindre émotion, fixa mon père avec des yeux si doux, si paisibles, si tendres, avec un front si serein, si tranquille, avec un air qui annonçoit tant de bonté, tant d’affection. — Mon père en fut pénétré jusqu’au fond du cœur. — Il se lève de sa chaise, se saisit des deux mains de mon oncle Tobie qu’il serre entre les siennes. — Frère