Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/316

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jours à elles-mêmes cette consolation : mais combien de fois elle est trompeuse ! La règle paroît d’abord infaillible, je l’avoue ; mais elle cesse de l’être, dès qu’on l’examine de près, et qu’on en éprouve la vérité par des faits. Combien on en découvre alors de fausses applications ! combien d’erreurs ! Hélas ! elle perd toute sa force ; une foule d’exemples, qui ne sont que trop communs dans la vie humaine, en détruisent presque le principe.

» Un homme est vicieux, ses mœurs sont entièrement corrompues ; sa conduite est détestable aux yeux de tous ceux qui le connoissent ; toutes le actions de sa vie sont scandaleuses ; il vit ouvertement dans le crime… il abuse, il ruine, il abyme l’infortunée que sa perversité a associée à sa débauche ; il lui a dérobé sa dot la plus précieuse, en la couvrant de honte et d’infamie ; et contre tout sentiment d’humanité, il plonge dans la douleur sa famille vertueuse et désolée… Vous croyez peut-être que la conscience de cet homme l’inquiète bien vivement ; qu’il est dans une continuelle agitation ; qu’il ne peut dormir ni jour, ni nuit ; que son ame est bouleversée, déchirée par des remords ?…