Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/317

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» Hélas ! la conscience n’agissoit sur lui, que comme Baal agissoit sur ses adorateurs. Il a d’autres affaires apparemment que de vous écouter, disoit le saint prophète Élisée. Peut-être cause-t-il avec quelqu’un ; peut-être est-il occupé de quelque négociation. — Il est peut-être en voyage ; peut-être dort-il, et qu’on ne peut l’éveiller.

» Peut-être aussi que cet homme-ci est sorti, accompagné de l’honneur, pour aller se battre en duel… Qui sait s’il n’est point allé payer une dette du jeu, ou quelqu’autre dette que ses débauches lui ont fait contracter ! Voilà des actions honnêtes, et vous voyez bien que pendant tout ce temps, la conscience ne le trouble guère. Elle ne peut, tout au plus, que déclamer, à l’écart, contre ses filouteries, que blâmer les crimes légers dont sa fortune et son rang auraient dû le garantir. C’est un bruit si sourd, qu’il ne l’entend pas ; et cet homme vicieux vit avec autant de gaieté, il dort aussi paisiblement dans son lit, il meurt avec aussi peu, et, peut-être, avec moins d’inquiétude que l’homme le plus vertueux.

» Voyez cet autre ; il est d’une bassesse, d’une avarice sordide… Sans pitié, sans