Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/330

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Quelle est donc la raison de cette confiance ? Elle est bien foible, sans doute : elle ne consiste que dans l’idée que l’un ou l’autre ne voudra pas s’en prévaloir pour me faire du tort. Je considère que la probité leur est nécessaire pour assurer leur état et leurs succès dans ce monde ; — en un mot, je me persuade qu’ils ne peuvent pas me nuire, sans se nuire encore plus à eux-mêmes. —

» Mais je suppose que leur intérêt fût de me faire tort ; que l’un, sans altérer sa réputation, pût s’emparer de mon bien ; que l’autre, sans avilir son état, me précipitât dans le tombeau, pour jouir plus promptement de quelque avantage que je lui aurois fait...... Quels motifs ai-je alors de me fier à eux ? la religion ?… c’est le plus fort : mais il n’en ont point ! L’intérêt, qui est le motif le plus fort après la religion ?..... mais il est contre moi !… Qu’ai-je donc à mettre dans le bassin opposé, pour contrebalancer cette tentation ?… Hélas ! rien, rien qui ne soit plus léger que ces globules d’air qui se forment sur l’eau, quand celle du ciel tombe. — Il faut nécessairement que je reste à la merci de l’honneur, ou de quelqu’autre principe