Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/331

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qu’enfante le caprice. Quelle sûreté pour des choses aussi précieuses que ma vie et ma propriété !

» On ne peut donc pas compter sur les vertus morales, sans religion. Ce sont des êtres fantastiques qui se dissipent d’un moment à l’autre, ou qui changent si souvent de forme, qu’on ne les reconnoît plus.

» Mais on ne peut pas compter non plus sur la religion, sans vertus morales. J’ai dit qu’elles étoient inséparables, qu’elles s’appuyoient mutuellement. Est-il rare, cependant, de voir un homme, qui n’a presque point de vertus morales, inspirer la plus haute opinion de son caractère religieux ?

» Le scélérat ! il est avare, colère, vindicatif, inexorable, implacable… Il manque de droiture dans toutes ses actions ; mais il parle tout haut contre l’incrédulité du siècle ; il affecte le zèle le plus ardent pour certains points de religion : on le voit deux fois par jour prier avec ferveur au pied des autels ; il fréquente les sacremens ; — il s’amuse avec certaines parties instrumentales de la religion, et se croit un homme religieux, qui s’est acquitté avec exactitude de tous ses devoirs envers Dieu. Il ne lui