Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/333

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Ouf !… dit Trim, qui avoit lu de suite sans respirer : je me suis trouvé dans bien des combats ; mais je n’en ai point vu comme celui-ci. — Je n’aurois pas lâché la détente de mon fusil dans une pareille rencontre, pour le grade même d’officier-général. —

Parbleu ! dit le docteur Slop, voilà, voilà une belle réflexion ! Savez-vous seulement ce que vous venez de lire ?

Je sais, répondit vivement Trim, que je n’ai jamais refusé quartier à ceux qui me l’ont demandé, et que j’aurois plutôt perdu la vie, que de mettre mon fusil en joue sur des femmes ou sur des enfans.

Tiens, Trim, dit mon oncle Tobie, voilà une couronne pour toi, afin que tu boives ce soir avec Obadiah, à qui j’en donnerai une autre. — Monsieur, je vous rends grâce, dit Trim : mais j’aimerois mieux que ces pauvres femmes les eussent. — Tu es un brave et bon garçon, Trim, reprit mon oncle. — Et mon père remua la tête en signe d’approbation, comme s’il eût voulu dire, cela est vrai.

— Mais, Trim, dit-il, continue ta lecture ; il me semble que tu as bientôt achevé.