Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/341

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CHAPITRE LIV.

Le Sermon court la prétentaine.


Mon oncle Tobie fit un sourire agréable de plaisir à l’éloge de Stévinus. Cela ne rompit point la conversation sur le sermon, et mon père fit part de ses conjectures sur l’auteur. — Je crois le connoître, dit-il ; je gagerois quasi qu’il est du ministre de notre paroisse.

Ce qui faisoit croire à mon père qu’il étoit d’Yorick, c’en étoit le style. Il étoit aussi dans sa méthode. — Ses conjectures se réalisèrent deux jours après. Yorick envoya un domestique le demander à mon oncle Tobie.

Mais comment s’étoit-il trouvé dans son Stévinus ? Mon oncle Tobie s’éclaircit de cette circonstance par la même occasion. Yorick, à qui toutes espèces de connoissances étoient précieuses, lui avoit emprunté son Stévinus. Il fit son sermon pendant qu’il avoit Stévinus ; il le mit par mégarde dans le livre, et en renvoyant le livre à mon oncle, il ne songea point au sermon.

Le destin de ce sermon est assez, singulier. — Le bon Yorick n’avoit pas toujours des habits qui ne faisoient que de sortir des mains du tailleur. Son sermon se perdit une seconde