Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/342

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fois en glissant à travers la poche et la doublure déchirée de sa veste. C’était un jour qu’il montoit sur son bidet de quatre-vingt sous, le sermon tomba dans la boue, et le bidet l’y enfonça en piétinant. Il y resta quelque temps. Un mendiant qui passa l’aperçut, et l’en tira. Il le vendit au bedeau d’une paroisse voisine pour un pot de bierre, et, le bedeau en fit présent à son curé, et depuis oncques il ne revint dans les mains de son propriétaire. Il mourut sans le revoir.

Le curé sans doute en avoit fait usage. Cependant je ne l’assure pas. Un curé peut être assez instruit pour se passer des ouvrages des autres. — Celui-ci tomba, je ne sais comment, dans les mains d’un chanoine de la cathédrale d’Yorck, et quelle trouvaille pour un chanoine ! M. le prébendaire d’Yorck l’apprit bientôt par cœur, et le débita dans son église. Il fut applaudi, et le fit imprimer quelque temps après, avec son nom en gros caractères au frontispice. Yorick avoit essuyé plusieurs de ces revers pendant sa vie ; mais il étoit cruel de le dépouiller après sa mort, et d’enlever à sa mémoire l’honneur de ses propres ouvrages. — Le ciel ne l’a pas voulu. Ce larcin lui découvert quelque temps après. Je le publie pour trois raisons.