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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/368

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oblongata étoit simplement poussée vers le cerveau.

« Par le ciel ! s’écrioit-il, le monde conspire à nous faire perdre le peu d’esprit et d’entendement que la bonté divine nous a départi ! Les virtuoses même de l’art obstétrique participent à cette conjuration. Et que m’importe par quel bout on introduise mon fils dans le monde, pourvu que tout aille bien dans la suite, et qu’au moment qu’il y entre, on ne bouleverse pas son ame en culbutant, ou en écrasant sa medulla oblongata, qui est le siége de son ame ? »

Une fois qu’on a conçu une opinion, tout ce qu’on entend, tout ce qu’on voit, tout ce qu’on lit, semble concourir à la fortifier.

L’esprit de mon père se laissa préoccuper si fortement de celle-ci, qu’en moins d’un mois elle lui servoit à résoudre tous les phénomènes de stupidité et de génie qu’il rencontroit. — Il voyoit sur-le-champ par quelle raison le fils aîné étoit ordinairement le plus sot de la famille. « Le pauvre diable ! disoit-il habituellement, cela ne doit pas surprendre, c’est lui qui a frayé la route à ses cadets. Ils lui ont, sans le savoir, l’obligation d’avoir plus d’esprit que lui. » —