Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/375

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CHAPITRE XI.

Le Docteur Slop n’y est plus.


« Je voudrois, docteur Slop, dit mon oncle Tobie, avec un peu plus de chaleur et de vivacité qu’il n’en mettoit ordinairement dans ses souhaits, je voudrois que vous eussiez vu quelles armées prodigieuses nous avions en Flandre… »

Mon oncle Tobie étoit bien éloigné de faire de la peine au docteur Slop ; mais ce souhait fit sur lui la plus terrible impression… Oui, monsieur, le docteur en fut déconcerté. Cela seul jeta ses idées dans le désordre ; elles se dispersèrent de tous côtés. Il ne put jamais les rallier.

En toutes disputes, soit qu’elles soient sur l’honneur, sur l’intérêt, sur l’amour, sur l’amitié, ou sur la haine ; soit aussi qu’elles s’élèvent entre hommes ou femmes, il n’importe, je n’en fais aucune différence ; rien n’est si dangereux, madame, que de faire partir ainsi de côté un souhait inattendu sur quelqu’un des athlétes. — Il n’en faut pas davantage pour l’abasourdir. — Remarquez pourtant que je ne parle pas ici de toutes les espèces d’hommes, et de toutes les espèces