Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/387

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CHAPITRE XVII.

Mon oncle Tobie argumente à sa mode.


Quelles armées prodigieuses vous aviez en Flandre ?.....

« Frère Tobie ! s’écria mon père, je te crois un des plus honnêtes hommes, un des cœurs les plus droits, une des ames les plus sensibles qui jamais ait existé… Je sais que ce n’est pas ta faute si tous les enfans qu’on a faits sont venus dans ce monde la tête la première… Tu n’es pas cause qu’on enverra peut-être arriver aujourd’hui un millier en Angleterre de cette façon, et qu’il n’en vienne ainsi une multitude d’autres par la suite. — Mais, crois-moi, mon cher Tobie, c’en est bien assez pour ces malheureuses créatures, que d’être la victime des écarts, des inattentions, des inadvertances de leurs pères au moment qu’ils songent à les faire… C’est bien assez des peines, des chagrins, des embarras, des difficultés qu’elles essuient dans ce monde après qu’elles y sont entrées, sans qu’il soit besoin de les exposer dans leur passage à des accidens et à des malheurs d’une autre espèce. — »