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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/388

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Mais, dit mon oncle Tobie, en mettant sa main sur le genou de mon père, et en le regardant fixement avec le désir d’avoir une réponse, ces dangers sont-ils plus grands aujourd’hui qu’ils n’étoient autrefois ? « Frère Tobie, dit mon père, si un enfant naissoit vivant, s’il étoit bien constitué, s’il se portoit bien, si la mère n’essuyoit point d’accidens fâcheux, nos grands-pères, qui étoient des gens simples, n’en demandoient pas davantage. Mais… » Mon oncle Tobie retira aussitôt sa main de dessus le genou de mon père, se pencha doucement sur le dos de sa chaise, leva les yeux justement à la hauteur de la corniche de la chambre… Alors il dirigea ses muscles buccinatoires le long de ses joues, ses muscles orbiculaires autour de ses lèvres… Ces instrumens firent leur devoir, et mon oncle Tobie siffla son lilaburello.