Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/39

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Bolinbrokes ; et que tous les historiens qui ont fait autrement depuis Saluste jusqu’à Smolet, sont coupables des crimes dont vous m’accusez, lâcheté et injustice.

Pourquoi lâcheté ? parce qu’il n’y a pas de courage à attaquer un mort qui ne peut se défendre. Eh ! pourquoi, docteurs, l’attaquez-vous avec vos bistouris ? oh ! c’est pour le bien des vivans. Voilà la bonne raison : c’est la mienne. J’ai quelque chose à ajouter à ma défense. Non, je n’ai pas meurtri le docteur Phutatorius, je ne l’ai qu’égratigné ; à peine a-t-il saigné. Je lui ai rendu d’abord tout honneur, en parlant de lui comme d’un grand homme : il est vrai que j’ai souri à l’aspect d’un de ses ridicules ; mais il étoit connu avant moi des servantes et des laquais. Si Phutatorius est un personnage sacré, duquel il ne soit pas permis de sourire, il est plus heureux que ceux qui valent mieux que lui. Dans la même page, j’en ai dit autant, (sans lâcheté et sans injustice), d’un roi qui avoit deux fois sa sagesse. C’est Salomon, sur lequel j’ai fait cette remarque. C’étoient de grands hommes ; mais il partageoient également les foiblesses de l’humanité.

Vous me dites, pour me consoler, que mon livre sera assez lu pour me rapporter