Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/391

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au plus léger trot du cheval, et c’étoit un tintement !… un cliquetis !… Le forceps, le tire-tête, le levier, la seringue, faisoient un bruit si effrayant, que le dieu de l’hymen lui-même se seroit enfui de peur, si, par hasard il eût rodé sur cette route. Obadiah accéléra bientôt sa marche, et du trot il passa au grand galop… Il avoit une femme et trois enfans. Le bruit étoit incroyable : mais la turpitude de la fornication, et les autres mauvaises conséquences politiques qu’il en pouvoit tirer ne lui vinrent pas seulement une fois à l’idée. — Cela fit cependant un effet prodigieux sur son esprit. Le poids lui parut énorme, et il ne lui fut bientôt plus possible de le supporter. Le tintamare étoit si violent, que le pauvre diable ne pouvoit pas s’entendre siffler lui-même.



CHAPITRE XIX.

Hélas ! il n’est plus temps.


C’étoit là sa peine. Obadiah avoit une passion extrême pour la musique des instrumens à vent. L’harmonie des instrumens musicaux dont il étoit chargé, lui déplaisoit en proportion. Il s’arrêta donc tout court,