Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/392

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et chercha dans son imagination s’il ne trouveroit pas quelque moyen qui pût le faire jouir des agrémens de son instrument favori.

Il y a de certaines calamités dont on peut se tirer par le secours de petites cordes : alors rien n’est si prêt à entrer dans la tête d’un homme que le cordon de son chapeau. Cette philosophie est si près de la surface !… Je dédaignerois peut-être moi de l’y faire glisser. — Mais Obadiah étoit dans un cas mixte. Oui, monsieur, c’étoit-là sa situation. Elle étoit tout à-la-fois obstétricale, papisticale, équistricale et musicale. Il est permis dans ces sortes de cas de se servir du premier expédient qui se présente. C’est ce qu’Obadiah fit sans hésiter. Il délit le cordon de son chapeau, empoigna d’une main le sac et ses quilles, si l’on peut parler avec irrévérence des outils du docteur Slop, mit le bout du cordon entre ses dents, et lia le sac et les instrumens d’un bout à l’autre. Il lui fit faire tant de tours, il croisa tant de fois, il fit tant de nœuds, il les serra si fort, que quand le docteur Slop eût eu quelques fractions de la patience de Job, il les auroit perdues en voulant seulement en défaire un seul. — Je vous assure que ma mère auroit pu accoucher quatre fois avant que le sac verd eût