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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/398

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Mon père avoit beaucoup d’amitié pour Obadiah, et ne pouvoit pas supporter aisément que le docteur Slop le traitât si mal. — Cependant, si cet accident du docteur Slop eût été toute autre chose qu’une simple coupure au pouce, mon père lui auroit passé son emportement ; sa prudence eût triomphé. — Mais faire tant de bruit pour si peu ! Mon père en fut choqué, et se détermina à s’en venger.



CHAPITRE XXII.

Consolation.


Il commença par plaindre le docteur Slop… « De petites imprécations, dit-il, pour de grandes choses, ne servent à rien. Elles ne font que diminuer la force et le courage dont nous avons besoin. » — Je l’avoue, répliqua le docteur Slop. — C’est jeter sa poudre aux moineaux contre le feu d’un bastion, dit mon oncle Tobie, en interrompant son air. Elles ne servent qu’à mettre les humeurs en mouvement, dit mon père, sans en dissiper l’acrimonie. Pour moi, je me suis rarement permis de jurer et de maudire ; cela n’est bon à rien. Cependant, cela m’est arrivé quelquefois :