Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/420

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eh bien ! Garrick a violé sans pudeur la loi fondamentale que lui prescrivoit la grammaire… D’honneur ! j’ai cru qu’il y avoit un point qui séparoit ce qu’il disoit… Mais ce n’est pas tout….


Une chûte toujours entraîne une autre chûte.


Je ne sais où j’ai vu cela. J’ai tant lu ! Mais peu importe où cet axiome se trouve. Il y a une chose plus intéressante à savoir ; c’est que ma montre s’arrête à commandement… Voilà où j’ai encore surpris mon virtuose. Le nominatif gouverne le verbe. Ainsi le verbe doit aller sans interruption à la suite du nominatif… Cela est clair : mais, ô monstruosité ! ô barbarisme intolérable ! Il a tout renversé. Douze fois… oh ! oui, douze fois, et c’est pour le moins, il a mis à mes yeux un intervalle de trois secondes et demie entre le nominatif et le verbe… Je l’ai pris sur le fait… J’ai toujours arrêté ma montre à l’instant précis qu’il a repris la parole…

Quel grammairien ! Mais en suspendant ainsi sa voix, a-t-il aussi suspendu le sens ? l’expression de son attitude, de sa contenance, ne remplissoit-elle pas le vide ? ses yeux étoient-ils aussi dans le silence ?…