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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/458

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sans murmure, pour nous guérir de la curiosité de lire tous les livres qu’on imprime, si ce n’est celui-ci, et vive la joie !

Souhaitons-en singulièrement pour nous préserver des tours de passe-passe des procureurs, et qu’ils meurent, s’il se peut d’inanition ! ainsi soit-il.

J’ai lu, car que n’ai-je pas lu ? j’ai lu les écrits de je ne sais quel philosophe moderne, ce qui suppose du courage, et j’y ai trouvé que l’homme qui avoit le moins d’esprit étoit celui qui passoit pour avoir le plus de jugement. Le croira qui voudra. Ce n’est pas moi. Il a pris un simple rapport pour une vérité absolue, et il y en a cent autres qui passent pour être tout aussi vrais, et qui sont tout aussi faux.

Un autre (et celui-là est un encyclopédiste, dans tout le volumineux de l’in-folio) a dit qu’un homme étoit assez bien quand il avoit du jugement sans esprit, et de l’esprit sans jugement. Je ne voudrois certainement point ressembler à ce nouveau sage. Il me sembleroit pour avoir seulement dit cela, que je n’aurois ni jugement, ni esprit ; je croirois avoir dit la plus lourde de toutes les sottises.

Est-il possible qu’on nous berce de pa-