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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/463

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qu’il s’aperçut que mon père et mon oncle Tobie étoient endormis, son respect étoit tel qu’il voulut se retirer dans le silence, et les laisser dans leur chaise à bras, rêvant aussi agréablement qu’il les avoit trouvé. — Mais la chose étoit, moralement parlant, absolument impraticable. Depuis le temps que les gonds de la porte étoient dans le désordre, un des plus grands désagrémens qu’essuyoit mon père, étoit qu’il ne s’étoit jamais étendu dans sa chaise pour prendre sa méridienne, que la pensée d’être inévitablement éveillé par la première personne qui ouvriroit la porte, étoit toujours la pensée qui dominoit dans son imagination. Elle se glissoit entre lui et le premier présage balsamique de son repos, et lui en déroboit presque toutes les douceurs. —

Quand une porte tourne sur de mauvais gonds, cela peut-il être autrement.

Qui est-là ? s’écria mon père en s’éveillant au premier moment que la porte commença à crier. Qui est-là ? parbleu ! c’en est trop. Je veux absolument que le serrurier voie ces maudits gonds. Mais qui est donc là ?

Monsieur, c’est moi, dit Trim.

Hé bien ! quoi ? qu’est-ce ? que veux-tu ?

Oh ! rien, repliqua Trim. J’apportois seulement ces deux mortiers.