Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/470

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Hélas ! il étoit tombé dans la plus étrange méprise. Ses remercimens au docteur Slop étoient en pure perte.

Mais pour bien concevoir comment il étoit la dupe d’une illusion, il faut nécessairement que je fasse parcourir au lecteur la même route que celle où mon oncle Tobie s’étoit précipité dans l’erreur, ou plutôt pour quitter la métaphore et laisser là une façon de parler qui me déplaît souverainement dans une histoire, il faut que je lui fasse part, tout bonnement, d’une aventure qui étoit arrivée à Trim.

J’avoue pourtant, que je ne m’y détermine qu’avec peine. Je sens que cette aventure ne sera pas ici dans sa place, et qu’elle figureroit infiniment mieux parmi les anecdotes des amours de mon oncle Tobie avec la veuve Wadman, ou au milieu de ses campagnes sur le Boulingrin. Mais voyez mon embarras. Si je la réserve pour la placer là, elle ne sera pas ici. En la plaçant ici, elle ne sera plus là, et les amours ou campagnes de mon oncle Tobie perdront un ornement précieux. Mais si je ne les en prive pas, comment saura-t-on ce que c’est que ce pont du docteur Slop ? Comment dissiperai-je le prestige qui fascine les yeux de mon oncle Tobie ? quelle