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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/484

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Ces inconvéniens déconcertèrent prodigieusement mon oncle Tobie. Il songea pendant huit jours entiers à ce qu’il pourroit faire. Un rayon de lumière traversa enfin tout-à-coup son heureux génie, et il se créa un pont horizontal, que l’on poussoit au-dehors ou qu’on attiroit en dedans, selon que l’on vouloit sortir ou empêcher d’entrer. Mais voici bien le diable ! mon père prétendit que l’invention n’étoit pas neuve. Il cita le pont de Spire, celui de Brissac. Il accompagna ces exemples de railleries sur la stérilité de l’imagination de mon oncle Tobie.

Tout ces contre-temps, qui perpétuoient la mémoire de l’infortune de Trim, chagrinoient beaucoup mon oncle. Il prit enfin la résolution de se servir de l’invention du marquis de l’Hôpital, que le plus jeune des Bernouilli avoit si bien et si savamment décrite dans les Act. Erud. Lips. an. 1695. Ces espèces de ponts, par le moyen d’un poids de plomb, se tenoient perpétuellement dans un parfait équilibre. Leur construction étoit fondée sur une ligne courbe qui approchent d’une cycloïde, si ce n’étoit pas même une cycloïde tout-à-fait, et rien n’étoit plus ingénieux.

Mais mon oncle Tobie qui étoit extrême-