Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/486

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dans l’imagination de son frère, qu’il croyoit en avoir ; et malgré la catapulte et les mordantes imprécations qu’il avoit faites contre cet instrument d’horreur et de destruction, il commençoit déjà à triompher… Mais, ô malheur ! ô disgrâce ! un mot, un seul mot de Trim tordit et fit tomber tous les lauriers de son front.



CHAPITRE L.

Je suis né.


C’est votre maudit pont-levis, dit mon père, qui détourne ainsi le docteur Slop de ses affaires.

Non monsieur, dit Trim. Quoi donc ?… ah ! que Dieu vous fasse miséricorde ! l’enfant est né… Il est né ? Eh bien ! le docteur Slop avec ses outils… Que dis-tu ?… Il l’a tout estropié ; et ce qu’il fait à présent avec un morceau de toile et une baleine du corset de Suzanne, est une espèce de pont pour soutenir les débris du nez qu’il lui a coupé….

Le nez coupé ! ô fatalité ! s’écria mon père navré de douleur. Soutenez-moi, frère, et menez-moi tout de suite dans ma chambre.