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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/503

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les codes qu’on a faits depuis Justinien jusqu’à nos jours, qu’il est nettement décidé que les sueurs qui sortent du front d’un homme, sont aussi bien sa propriété que la culotte qu’il porte… Je conviens du principe. Vous en convenez ? il n’y a donc plus de question. Ces sueurs étant versées goutte à goutte : 1°. pour trouver la pomme, 2°. pour la cueillir, elles sont comme indissolublement et identiquement annexées et incorporées, par l’homme qui trouva et qui cueillit la pomme, à la pomme trouvée et cueillie ; et il est évident qu’en agissant ainsi, il a mêlé quelque chose qui étoit à lui avec la pomme qui n’étoit pas à lui. Il a, par ce moyen, acquis une propriété. Sortez de-là, si vous pouvez, madame Didius.

C’est par une même chaîne de savans raisonnemens que mon père soutenoit ses opinions ; il n’épargnoit ni soins, ni peines pour en grossir la collection, et plus elles sortoient du cercle des connoissances humaines, plus il croyoit y avoir de titre. Personne ne les reclamoit, et comme elles lui avoient encore coûté de plus tout le travail qu’il y avoit mis pour les orner, pour les embellir, il pouvoit prétendre avec justice qu’elles étoient devenues son propre bien. C’étoit pour lui un