Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/517

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Ma foi, il en vaut bien la peine, dit la sentinelle.

Fi donc, reprit le petit tambour bancroche, ne vois-tu pas que c’est un nez de carton ?

À d’autres, répliqua la sentinelle ; c’est parbleu un nez comme le mien, excepté qu’il est six fois plus gros.

Mais je l’entend qui craque, dit le petit tambour bancroche.

Et moi, je le vois qui rougit, dit la sentinelle.

Bon ! nous sommes tous les deux de grands sots de n’y avoir pas touché, nous saurions à présent ce que c’est.

Tandis que la sentinelle et le tambour bancroche se disputoient, une querelle pareille s’étoit élevée entre un trompette et sa femme, qui s’étoient arrêtés par hasard pour considérer le nez de l’étranger.

Bénédiction, quel nez ! s’écria la femme ; il est aussi long qu’une trompette.

Aussi est-il de cuivre dit le trompette.

De cuivre ? comme je danse…

Oui, parbleu de cuivre, reprit le mari ; on peut en juger par le bruit de ses éternumens.

Eh bien ! j’en aurai le cœur net, reprit la femme ; je ne me coucherai pas que je n’y aie mis la main.