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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/522

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rompus qu’il tenoit tantôt à sa mule, tantôt à lui-même, tantôt à sa Julie.

Ô ! ma Julie, s’écrioit-il, ma chère et tendre Julie !

Mais va donc, et laisse-là ce chardon…

Comment un rival a-t-il pu m’enlever ce bonheur que tu me promettois, et dont j’étois sur le point de jouir ?

Encore ! allons, marche ; tu en mangeras mieux ce soir.

Malheureux que je suis ! banni de ma patrie, éloigné de mes amis, séparé de toi, fatigué, harrassé….

Un peu plus vîte donc, kt, kt, kt…

À quel état suis-je réduit ! je n’ai maintenant pour toutes choses que deux chemises, une paire de souliers qui ne sont pas trop bons, et ma culotte de satin cramoisi… Ô ma Julie ! et je vais à Francfort ! pourquoi plutôt là qu’ailleurs… Ah ! sans doute qu’une main invisible me conduit dans tous ces détours.

Holà donc, holà ! tu buttes ? Par Saint-Nicolas ! si tu ne vas que de ce train, nous ferons bien quatorze lieues en quinze jours. Allons, ma mie, allons.

Y aura-t-il donc enfin quelque bonheur pour moi ? cesserai-je d’être le jouet de la