Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/521

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Je n’en sais rien.

J’étois à vêpres.

Je savonnois.

Je repassois.

J’épluchois la salade.

Je portois le souper au four.

Je couchois les enfans.

C’est ainsi que toutes les comères de Strasbourg déploroient leur disgrace chacune sur son ton. Hélas ! je ne l’ai pas vu, je ne le verrai jamais. Je ne sais pas ce que je donnerois, dit une assez jolie marchande, pour avoir été dans ce moment la femme du trompette.

Et moi le trompette.

Et moi la sentinelle.

Et moi le petit tambour bancroche.

Et moi l’aubergiste.

Et moi sa femme.

Et moi la bourgmestre.

Et ces cris de désespoir retentissoient dans tous les coins de Strasbourg.

Mais tandis que cette confusion régnoit dans les têtes Strasbourgeoises, notre héros, sans songer qu’il fût seulement question de lui dans cette grande ville, continuoit sa route vers Francfort : ce n’étoit pourtant pas sans être agité de quelque inquiétude. Il lui échappoit de temps-en-temps des propos inter-