Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/525

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accordés que dans ces deux points ; c’est que l’étranger étoit allé à Francfort, et qu’il en reviendrait dans un mois, et que, soit que son nez fût réel ou feint, il n’avoit pas besoin de cet ornement pour être l’homme le plus beau, le mieux fait, le plus honnête, le plus généreux et le plus aimable qui eût jamais passé les portes de Strasbourg. On l’avoit vu de bien des façons, trottant sur sa mule, marchant dans la rue, son cimeterre suspendu à son poignet ; on l’avoit vu se promener sur la place de la parade avec sa culotte de satin cramoisi, et partout on lui avoit remarqué un air si doux, si modeste, et surtout si noble… Je ne suis plus fille depuis long-temps, dit la bourguemestre ; mais je sais bien que si je l’eusse été, il n’auroit tenu qu’à lui de me faire courir de grands hasards.

L’abbesse de Quedleimbergh et ses quatre grandes dignitaires ne purent tenir à l’impatience de satisfaire leur curiosité. L’après-midi, elles envoyèrent chercher la femme du trompette. Elle couroit les rues, la trompette de son mari à la main ; il ne fut pas difficile de la trouver ; elle vint ; elle avoit déjà dressé tout l’appareil de sa théorie.

Ô Athènes ! qu’as-tu à comparer à ces