Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/526

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deux orateurs ? la sentinelle et le tambour bancroche, établis sous les portes de Strasbourg, mettoient infiniment plus de pompe dans la relation de ce qu’ils avoient vu, que Crantor et Chrysippe n’en mirent jamais dans les leçons si vantées qu’ils donnoient sous les portiques.

L’aubergiste les imitoit sur le seuil de sa porte, tandis que sa femme, retirée dans sa chambre, ne faisoit part de ce qu’elle savoit qu’à des personnes plus choisies. Enfin, les Strasbourgeois couroient de toutes parts à l’instruction, et les Strasbourgeois furent instruits.

Dès que la femme du trompette eut satisfait la curiosité de l’abbesse de Quedleimbergh, elle alla s’établir sur des trétaux qu’elle avoit fait dresser sur la grande place, et elle fit un tort infini aux autres harangueurs.

Mais tandis qu’à Strasbourg tous ceux qui vouloient s’instruire cherchoient à descendre dans le puits où la vérité tient sa cour, les savans faisoient leurs efforts pour en faire sortir la déesse. Ce n’est point aux faits qu’ils avoient recours pour la faire remonter ; ils raisonnoient. L’histoire du nez faisoit jaser tout le monde ; on vouloit au moins deviner, si l’on ne pouvoit prouver. Ceux qui se flat-